Les députés Benjamin Griveaux et Jean-Louis Thiériot demandent une relance « par la défense »
Les députés Benjamin Griveaux et Jean-Louis Thiériot ont rendu le mardi 21 juillet les conclusions de leur mission flash sur le rôle de l’industrie de défense dans la relance. Les deux rapporteurs ont mené une vingtaine d’auditions depuis début juin. Les armées, les ministères et leurs administrations, les industriels et les groupements professionnels dont le GICAN, représenté par le Président M. Hervé Guillou et par le Président du Comité PME-ETI M. Yannick VERGEZ, ont ainsi pu faire remonter leurs visions de la crise et du rôle que peut jouer l’industrie de défense dans la relance de l’économie. En s’appuyant sur ses échanges, les députés appellent ainsi à une relance « par la défense ».
Pour eux, deux raisons majeures justifient une telle relance qui permettrait à l’industrie de défense d’éviter un « effet de falaise » à l’automne 2020. La première raison est d’ordre stratégique : disposer d’une base industrielle et technologique de défense est un pilier essentiel de l’autonomie stratégique française. La crise a fortement touché les activités civiles des entreprises duales, qui représentent la majorité du secteur, et les marchés d’exportation, dont dépend également fortement le secteur. La deuxième raison est d’ordre économique : l’industrie de défense est un vecteur de relance particulièrement efficace. Elle est déjà en France, elle bénéficie à l’ensemble du territoire national et tous les investissements bénéficieront à de l’activité et des emplois en France.
Dès lors, les députés Benjamin Griveaux et Jean-Louis Thiériot recommandent une relance dans le secteur de l’industrie de défense reposant sur deux aspects : une relance par la demande, et une relance par l’offre. Concernant la relance par l’offre, il s’agit, pour éviter de tomber dans la « liste au Père Noël », de s’assurer de répondre à la fois au besoin des armées pour conserver une cohérence capacitaire, et aux besoins des industries impactées. Le sujet du porte-avions nouvelle génération est évidemment évoqué, les députés plaidant pour au moins un porte-avions, à propulsion nucléaire pour conserver les capacités françaises en la matière. Des programmes plus modestes en envergure mais également importants sont évoquées pour la Marine Nationale : système de lutte anti-mines du futur, patrouilleurs outre-mer et métropolitains, etc…
Ce volet demande devra, pour les rapporteurs, s’accompagner d’un volet offre, visant à restructurer l’écosystème industriel et à le renforcer. Cela doit se faire par des consolidations mais également la création d’un fonds souverain stratégique, avec plusieurs milliards d’euros de capital, pour faire face aux difficultés de financement de l’industrie de défense. En effet, la longueur de ses cycles, l’application parfois dévoyées des règles de compliance par les banques, la fragilité capitalistique de certaines PME familiales et l’effet dissuasif des dispositifs de contrôle des prises de participation dans les actifs stratégiques compliquent l’accès au financement privé dont une industrie a toujours besoin. Le rapport propose également des pistes pour l’amélioration des rapports entre industriels, et entre autorités publiques.
Le financement de l’innovation, enfin, doit être amélioré et encouragé, et le rapport évoque par exemple explicitement les difficultés connues par les premiers projets sélectionnés par le CORIMER, dans le cadre du contrat de Filière des Industriels de la Mer, sujet évoqué par le président du GICAN lors de son audition.
Le rapport complet évoque encore bien des propositions pour non seulement soutenir l’industrie de défense française, mais aussi tirer profit de ce plan de relance pour la préparer et la renforcer face aux défis économiques et géopolitiques de la décennie qui s’ouvre.