Le GICAN, aux côtés de Armateurs de France et du GIFEN, a formalisé une « Déclaration d’intention industrielle des filières maritime et nucléaire » visant à structurer et accélérer les synergies entre les secteurs maritime et nucléaire en France.
Le transport maritime constitue aujourd’hui le mode le plus efficace en termes de tonne-transportée, mais contribue néanmoins à près de 2,9 % des émissions mondiales de CO₂. La filière maritime française est fortement mobilisée pour contribuer à l’objectif d’émission nette zéro gaz à effet de serre d’ici 2050 fixé par l’Organisation maritime internationale.
Parallèlement, la France dispose d’une industrie nucléaire complète, couvrant tout le cycle (réacteurs, combustible, recyclage) et d’une capacité reconnue à innover dans les usages non-électrogènes du nucléaire (chaleur, hydrogène, etc.). L’industrie navale de défense intègre les technologies nucléaires sur les porte-avions et sous marins.
La déclaration fixe plusieurs ambitions :
- structurer les échanges entre les acteurs industriels d’une part et les administrations maritimes et nucléaires d’autre part, pour élaborer un cadre règlementaire, juridique et technico-économique rendant possible les applications nucléaires maritimes civiles,
- évaluer les solutions technico-économiques pour la décarbonation du secteur maritime, en s’appuyant notamment sur des réacteurs nucléaires modulaires (SMR/AMR) suivant les cas d’usage : propulsion nucléaire civile, réacteurs sur barge ou à quai, ou encore plateformes énergétiques en mer pour alimenter les navires sous forme d’électricité ou de carburants de synthèse,
- mobiliser des dispositifs de financement public tels que France 2030 pour le nucléaire et la décarbonation des mobilités et les revenus de l’EU ETS (European Emissions Trading System) maritime, afin de sécuriser les investissements nécessaires pour faire progresser les technologies nucléaires adaptées au maritime et développer leurs cas d’applications maritimes en cohérence avec le Plan Stratégique de Décarbonation de la Filière Maritime, porté par ADF-GICAN-UPF.
Pour le GICAN et ses adhérents, cette initiative ouvre un champ nouveau d’innovation pour l’industrie navale et maritime, invite à repenser la propulsion, l’alimentation énergétique et l’infrastructure portuaire de demain, tout en participant à la lutte contre le changement climatique. Elle permet aussi de positionner les acteurs français comme des leaders possibles sur des marchés d’avenir (navires civil nucléaires, plateformes off-shore, carburants de synthèse) et de consolider les savoir-faire nationaux. renforcer l’industrialisation de ces filières, en tirant parti des compétences communes à l’industrie nucléaire et à l’industrie navale, et en contribuant à la souveraineté énergétique, technologique et maritime de la France.
La déclaration n’occulte pas les obstacles : adaptation réglementaire (sûreté nucléaire embarquée, matières radioactives, non-prolifération) ; financement et viabilité économique ; formation des navigants et des équipes de maintenance ; acceptabilité sociétale ; fin de vie des navires et équipements nucléaires embarqués.
Le GICAN accompagnera ces travaux, avec ses membres, pour identifier les leviers techniques, réglementaires et industriels permettant de concrétiser ces ambitions en contribuant à la souveraineté énergétique, technologique et maritime de la France.